FA19 – L’archaïque contemporain

2011, textes réunis par Dominique Clévenot

Accoler les termes d’« archaïque » et de « contemporain » semble à première vue relever de l’oxymore. Si la notion d’archaïque évoque d’emblée un temps premier, ou originaire, la contemporanéité est généralement pensée comme se situant dans la proximité immédiate du futur. Cependant, contrairement à l’« archaïsme », qui véhicule l’idée d’une forme fossilisée du passé, c’est-à-dire une forme morte, l’« archaïque » dont il sera ici question doit être compris comme une notion qui échappe à la simple chronologie linéaire, comme une dimension du temps qui est à même de se manifester à tout moment, en d’autres termes, comme une dimension, toujours active, du présent. « L’origine est un tourbillon dans le fleuve du devenir », disait Benjamin.

C’est dans le champ de l’art que cette question est posée. Peut-on voir dans certains aspects des pratiques artistiques contemporaines la présence de cet archaïque transhistorique ? Peut-on par exemple reconnaître celle-ci dans la tendance de l’art des années 60/70 à réduire le langage plastique à ses constituants élémentaires ou dans la récurrence de figures archétypales : carrés, cercles, labyrinthe, etc. ? En discerne-t-on les effets dans la primauté fréquemment accordée aux matériaux bruts ou naturels, tout comme dans le recours à des gestes techniques rudimentaires ? Cette présence de l’archaïque se manifeste-t-elle dans une relation à la nature qui, par certains aspects, semble parfois actualiser la croyance en une continuité spirituelle entre l’homme et son environnement ? De même, les pratiques sur le corps ou son image, qui mettent en jeu les pulsions qui le traversent, renvoient-elles, sur un mode différent, à cette même notion ? Si ces manifestations de l’archaïque sont particulièrement perceptibles dans nombre de pratiques artistiques des dernières décennies du XXe siècle, qu’en est-il aujourd’hui, à l’heure des nouvelles technologies ? Mais tout aussi bien, la question ne saurait se limiter au domaine des « arts plastiques » au sens étroit du terme. D’autres formes d’expressions méritent de retenir l’attention, comme l’architecture, les arts de la scène, la musique, voire certaines pratiques actuelles du corps telles que tatouages « tribaux », piercings et autres labrets.

  • ISBN : 2-35311-023-1 / ISSN : 1265-0692
    • Éditeur : PUPPA, Pau
      • Prix : 27€
        • 328 pages

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